Opéra Garnier Paris, une merveille Napoléon III

Opéra Garnier Paris - Façade principale

Opéra Garnier – Façade principale – I, Tetraktys [CC BY-SA 2.5 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.5)], via Wikimedia Commons

Opéra Garnier Paris : ce quartier en vogue des nouvelles élites bourgeoises et capitalistes au 19ème siècle n’était qu’une promenade champêtre qui devint un grand boulevard des affaires.

Mais l’histoire remonte en fait à la fin du 18è siècle lorsque le roi Louis XV quitte le château de Versailles pour s’installer au Louvre. La cour s’installe alors aux abords et ouvre Paris vers le nord, au-delà des anciens remparts, détruits et remplacés en 1705 par une promenade plantée.

 


Opéra Garnier Paris ou Palais Garnier, désormais “Palais de la danse”

8 Rue Scribe – Place de l’Opéra
75009 PARIS
Tél : 33 (0)1 40 01 25 14 et 33 (0)1 71 25 24 23 – En anglais : 33 (0)1 40 01 22 63
www.operadeparis.fr/
https://www.operadeparis.fr/billetterie
Bourse officielle d’échange de billets : http://boursechange.operadeparis.fr/
Position GPS : 48° 52′ 19″ Nord 2° 19′ 55″ Est
Accessibilité : 01 40 01 18 50 et accessibilite@operadeparis.fr.
Ouverture : de 10h00 à 16h30 – Visites accompagnées tous les jours à 12.00 à partir de 10 personnes, visites en anglais : 01 40 01 22 63 (Entrée à l’angle des rues Scribe et )
Fermeture :
Accès
Métro : Opéra (lignes 3, 7 et 8), Chaussée d’Antin (lignes 7 et 9) Madeleine (lignes 8 et 14), Auber (RER A)
RER : Auber (RER A)
Bus : 20, 21, 22, 27, 29, 42, 52, 66, 68, 81, 95
Parkings : Place Vendôme, Meyerbeer, Edouard VII, Haussmann Berri, Haussmann Galeries
Architectes : Charles Garnier

 

Note : cet opéra néo-baroque est l’un des plus grands d’Europe. L’élégance de son intérieur vous étonnera. A voir l’auditorium, l’escalier principal (Grand escalier), le Grand Foyer et la Rotonde des Abonnés. Le bâtiment a inspiré le décor du légendaire opéra musical «Le Fantôme de l’Opéra».

 


Opéra Garnier Paris : sa construction

Napoléon III (1808 – 1873) échappe le 14 janvier 1858 à un attentat en sortant de l’ancien opéra. Le lendemain il décide de construire un nouvel opéra dans un lieu dégagé susceptible d’assurer une surveillance policière efficace.

Le jeune architecte de 35 ans, Charles Garnier est l’architecte désigné (Parmi 171 confrères) après concours. Pour la construction, il s’entoure d’amis rencontrés au cours de ses études, en particulier d’autres Grands Prix de Rome. Le début des travaux a lieu en 1861, la première pierre en 1862, le vrai chantier en 1863, la façade seule inaugurée en 1867 (Pour l’exposition universelle de 1867). Le reste de la construction est retardée du fait de la guerre de 1870. L’inauguration de l’opéra est finalement faite en 1875, après l’abdication de Napoléon III en 1870.

L’opéra oscille entre le baroque et le néo-Renaissance et constitue le prototype et la synthèse du “Style Second Empire”. La façade et l’intérieur comprennent de nombreuses sculptures et des décorations fastueuses qui répondaient aux aspirations de la société de la fin du 19è siècle : luxe, apparat et représentation. A l’Impératrice Eugénie qui s’étonnait que ce style ne soit “ni du grec, ni du Louis XV, pas même du Louis XVI”, Charles Garnier répondit ” c’est du Napoléon III”. Joli mot de courtisan. La quantité des marbres, des stucs, des fresques est certes la marque d’une société fière de sa prospérité matérielle, mais “la fantaisie, l’extravagance, le rejet de toute référence historique, la gaieté qui jaillit de cette symphonie polychrome ne sont guère des qualités courantes à l’époque” (Bernard Oudin, Dictionnaire des architectes, éditions Seghers).

Lors des excavations, destinées à la réalisation des massifs des fondations, les travaux doivent brusquement s’interrompre car le niveau de la nappe phréatique est atteint. Des pompes à vapeur fonctionnant jour et nuit sont installées afin de couler un cuvelage en béton de grandes dimensions, provisoirement rempli d’eau afin de permettre la construction des infrastructures au dessus. Il permet aussi la répartition des charges sur un terrain de qualité médiocre et la stabilisation du bâtiment. Aujourd’hui il sert encore de réserve d’eau utilisée par les pompiers.
Note : le fantôme de l’Opéra

Cet “impondérable” donnera naissance à la légende d’un lac souterrain alimenté par un cours d’eau portant le nom de « Grange-Batelière ». Gaston Leroux exploita avec intelligence cet incident technique dans son roman “Le fantôme de l’Opéra” (1909 – 1910). Pour plus de détails sur ce roman, cliquez sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Fant%C3%B4me_de_l’Op%C3%A9ra . La vraie histoire est que la rivière en question ne passe pas sous l’Opéra mais un peu plus loin.
Le chantier a constamment eu des problèmes budgétaires. L’évaluation était de Vingt neuf millions (de Franc or), réduite à 15 millions en 1864. Il fut ralenti à plusieurs reprises, interrompu pendant la guerre de 1870. La III ème République attribue finalement presque 7 millions supplémentaires pour finaliser l’Opéra dans un délai de 1 an et demi. La livraison a lieu le 30 décembre 1874, la rotonde du Glacier et la galerie du Fumoir inachevés (Cette dernière ne sera jamais terminé). La facture totale de l’Opéra a été de 36 millions de francs-or.
L’architecture, les décorations intérieure et extérieure de l’Opéra Garnier font l’objet d’un classement, par décision du 19 octobre 1923 de la Commission supérieure des monuments historiques, soit quarante-huit ans après son inauguration.


 

Opéra Garnier Paris : le percement de l’avenue de l’Opéra et le quartier de l’Opéra Garnier

 

En 1867, les façades à peine inaugurées, Napoléon III demande à Haussmann d’aménager une avenue reliant le Palais des Tuileries (Entièrement détruit par incendie par les Communards en 1871 – Ne reste aujourd’hui que le Jardin des Tuileries) où il réside au palais de Garnier, pour permettre au souverain de circuler sans risque d’un nouvel attentat. Charles Garnier s’oppose violemment à la plantation d’arbres prévue par l’urbaniste Haussmann : rien ne doit perturber la perspective et dissimuler son œuvre.

 

Opéra Garnier Paris - Avenue_de_l'Opera

Tableau du peintre Camille Pissaro, L’avenue de l’Opéra, 1898, Musée des Beaux-Arts de Reims

 

Cette percée ne s’inscrit pas dans le plan d’urbanisme devant remodeler Paris. Elle n’a pas de réelle utilité, sinon de préserver la sécurité de l’Empereur et de construire des immeubles purement spéculatifs, habitations mais surtout siège de grandes sociétés, principalement des banques et compagnies d’assurance, grands magasins et boutiques de luxe.

Elle conduit aussi à la démolition de tout un quartier et à de nombreuses expropriations. En conséquence l’avenue de l’Opéra n’est achevée qu’en 1879, bien après la fin de l’édification du Palais Garnier (1875) et la chute du Second Empire (1870).

Le Grand hôtel, à l’angle du Boulevard des Capucines, fut construit en 1867 pour l’Exposition universelle, en même temps que la façade de l’opéra.


 

Opéra Garnier Paris : les inaugurations

 

L’opéra Garnier fut inauguré le 15 août 1867 pour la seule façade principale achevée jusqu’aux macarons, guirlandes et bas reliefs de la frise de l’attique, à l’occasion de l’exposition universelle de cette même année.


 

La deuxième inauguration

Opéra Garnier Paris - Inauguration__1875

Opéra Garnier -Inauguration 1875 (Auteur inconnu [Public domain] via Wikimedia Commons)

La chute de Napoléon III, les épisodes sanglants de la Commune de 1871 à Paris, l’occupation de Paris par les troupes allemandes, l’état financier du pays et l’embarras du symbole qu’est ce bâtiment voulu par l’Empereur déchu font qu’il est mis de côté en l’état. Mais le 28 octobre 1873, l’opéra en “exercice” depuis 1821, le vieil opéra le Peletier part en fumées. Charles Garnier est immédiatement rappelé pour reprendre son chantier qu’il avait du abandonner.

Cette deuxième inauguration a lieu le 5 janvier 1875 en présence du Président de la République Mac Mahon, du lord-maire de Londres, du bourgmestre d’Amsterdam, de la famille royale d’Espagne et de près de deux mille invités venus de l’Europe entière et d’ailleurs. Le programme comprenait des œuvres d’Auber, Havely, Rossini (Guillaume Tell) Myerbeer et le ballet La Source de Léo Delibes. La qualité acoustique est si bonne que des spectateurs remarquent les nombreuses erreurs des livrets.

Petite anecdote moins cocasse : Charles Garnier aurait été invité (les sources divergent sur ce point) mais doit payer sa place dans une seconde loge. Cet incident, particulièrement regrettable et d’ailleurs raillé par la presse de l’époque — « une administration faisant payer à l’architecte le droit d’assister à l’inauguration de son propre monument ! » —, exprime un rejet des nouveaux gouvernants envers ceux qui, de près ou de loin, ont servi l’empereur déchu et l’habituelle ingratitude des puissants envers les artistes.

Le 7 février de cette même année est organisé le célèbre bal masqué et travesti de l’Opéra, crée en 1715. Principal événement chic annuel du Carnaval de Paris, il a lieu dans la salle du Nouvel-Opéra. Il rassembla huit mille participants et fut perpétué jusqu’en 1903.


 

Opéra Garnier Paris en chiffres

• Surface du terrain : 15 000 m2
• Emprise au sol : 12 000 m2
• Surface hors œuvre totale : 66 640 m2
• Surface dans œuvre totale : 57 946 m2
• Longueur totale : 173 mètres ;
• Largeur maximale : 125 mètres ;
• Hauteur du fond de la cuve à la lyre d’Apollon et son paratonnerre : 73,60 mètres ;
• Hauteur du grand escalier : 30 mètres ;
• Dimensions du grand foyer : 18 mètres de hauteur, 54 mètres de longueur et 13 mètres de largeur ;
• Dimensions de la salle : 20 mètres de hauteur, 32 mètres de profondeur, 31 mètres de largeur maximale ;
• Poids du lustre : 7 à 8 tonnes ;
• Principales caractéristiques de la scène : 60 mètres de hauteur, dont 45 mètres de cintres et 15 mètres de dessous, 27 mètres de profondeur, 48,50 mètres de largeur pour 16 mètres d’ouverture de cadre.


 

Opéra Garnier Paris : composition architecturale

Opéra Garnier Paris - Maquette

Opéra Garnier – Dessin par Garnier – [Public domain], via Wikimedia Commons

Façade principale au sud, place de l’Opéra.

Garnier a choisi lui-même les quatorze peintres, les mosaïstes ainsi que les soixante-treize sculpteurs, dont le célèbre Jean-Baptiste Carpeaux, devant participer à son ornementation.

Façade latérale ouest (Visible depuis les rues Auber et Scribe).

L’entrée de cette façade  est indiquée par une suite de colonnes de marbre vert dont deux sont surmontées d’un grand aigle impérial en bronze, symbole miraculeusement préservé après le Second Empire. Le Pavillon de l’Empereur, jamais terminé, permet de pénétrer directement dans une loge d’avant scène côté jardin. Ces salons non terminés par Napoléon III ont ensuite été aménagés pour recevoir une bibliothèque de 600 000 documents liés au théâtre, des partitions manuscrites autographe de Rameau, Gluck, Rossini, Wagner, Massenet, Charpentier, Hahn, Poulenc, etc. Ces salons abritent aussi un musée d’environ 8 500 objets, 2500 maquettes de scènes, 3 000 œuvres diverses dont 500 tableaux, 3 000 bijoux de scène, etc.
Sur cette façade ouest a été érigé en 1903 un monument à la gloire de Charles Garnier mort en 1898.

Façade est.

Elle est visible depuis les rues Halévy et Gluck ainsi que depuis la place Jacques Rouché. Elle est précédée d’une suite de colonnes de marbre vert pour entrer dans le Pavillon des abonnés (Cette façade est l’exact pendant de celle côté l’Ouest). En 2007 un projet de restaurant finalement aboutit en 2009 avec l’ouverture de l’Opéra Restaurant, 2 étoiles au Michelin, accessible à tous sans passer par la billetterie.

Côté Nord

Charles Garnier a aménagé une cour afin de faciliter l’entrée des divers employés, de réceptionner décors et accessoires et de les amener directement jusqu’au monte-charge conduisant au niveau du plateau de scène.


 

Opéra Garnier Paris : distributions, volumes et décors intérieurs

 

Grand vestibule
L’entrée principale mènent à un premier vestibule voûté où quatre sculptures en pierre de grandes dimensions attirent immédiatement le regard : de gauche à droite, Rameau, Lully, Gluck et Haendel en position assise. Cette galerie intérieure conduit ensuite, après avoir franchi quelques marches, au vestibule du Contrôle puis au grand escalier.


Opéra Garnier Paris - Vestibule_du_Contrôle

Vestibule du contrôle par Chatsam (Own work) [CC BY-SA 4.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], via Wikimedia Commons

Vestibule du contrôle
Espace-tampon entre le grand vestibule et par quelques larges degrés de l’escalier d’honneur. Il permet le filtrage des entrées avant d’accéder à la grande salle.


Rotonde des abonnés
Charles Garnier a signé son œuvre discrètement dans l’ancienne rotonde des Abonnés : un plafond orné d’arabesques où l’on parvient à lire le nom du maître d’œuvre de l’Opéra Garnier.


Rotonde du glacier placée à l’extrémité de la galerie du bar.
Il est à noter sa luminosité et son plafond peint par Georges Jules-Victor Clairin (Paris, 1843 – Belle-Île-en-Mer, 1919)


Avant-foyer ou foyer des Mosaïques
Lieux de rencontre entre les spectateurs avant chaque représentation ou au moment des entractes, les foyers sont vastes et la riche décoration ne laisse pas le moindre espace inutilisé.


Grand foyer et ses salons

Opéra Garnier Paris - Grand Foyer

Grand Foyer par Degrémont Anthony (Assumed based on copyright claims). via Wikimedia Commons

La conception du grand foyer s’inspire des décorations des galeries des châteaux de la Renaissance française du XVIe siècle (château de Fontainebleau) et du siècle de Louis XIV (galerie d’Apollon au Louvre, galerie des Glaces à Versailles). Jeu de miroirs et baies ouvrants sur les rues et façades environnantes vient encore accentuer ses vastes dimensions.

Jusqu’au XIXe siècle les foyers des lieux de spectacle sont réservés à l’usage exclusif des représentants de la gent masculine. Les dames reçoivent pendant ce temps dans leur loge respective. Cependant, le jour de l’inauguration du Palais Garnier, la reine d’Espagne désire admirer la galerie du grand foyer. Un tabou disparait avec cette initiative, l’entourage de la reine et autres dames de la bonne société de l’époque ne souhaitent pas demeurer en reste et depuis ce jour, les femmes aussi peuvent déambuler dans le foyer et salons des théâtres.


Salons de la Lune et du Soleil
Placées aux extrémités Est et Ouest de l’avant-foyer, deux rotondes de taille modeste sont peintes par les décorateurs Philippe Marie Chaperon (Paris, 1823 – id., 1906 ou 1907) et Auguste Alfred Rubé (Paris, 1805 ou 1815 – id., 1899), amis de l’architecte.


Grand escalier

Opéra Garnier Paris - Le grand escalier

By Benh LIEU SONG (Own work), via Wikimedia Commons

Son tracé remarquable, hauteur et volume de sa nef inédits jusqu’alors, la magnificence de ses murs intérieurs et variété des matériaux employés : marbres aux couleurs subtiles, onyx et cuivre des mains-courantes, innombrables peintures, mosaïques et dorure. L’ampleur et l’ingéniosité de ses distributions comme de sa décoration ont fait de ce grand escalier l’un des endroits les plus célébrés et les plus appréciés du Palais Garnier.

Au pied de l’escalier, deux statues-torchères en bronze de Albert-Ernest Carrier de Belleuse dit Carrier-Belleuse (Anizy-le-Château, 1824 – Sèvres, 1887) représentent des figures féminines tenant des éclairages au gaz puis électriques.

L’escalier en marbre blanc est à double révolution, les marches sont réparties en plusieurs degrés aux larges et impressionnantes volées élancées, aux courbures raffinées. Les marches du grand escalier, qui vont du concave au convexe, sont en marbre blanc de Seravezza (Italie). Une seule d’entre elles est droite. Elles épousent ainsi la courbure de la balustrade en onyx, dont le socle est en marbre vert de Suède et les 128 balustres en marbre rouge antique.

Le grand escalier conduit d’abord à l’amphithéâtre, au parterre, à l’orchestre et aux baignoires et les volées suivantes répartissent les spectateurs entre les dégagements et balcons, aménagés sur les quatre façades intérieures aux colonnes géminées et à trois travées d’arcades, aux différents salons et foyers, puis aboutissent enfin aux couloirs périphériques menant aux loges et aux balcons des différents niveaux de la salle de spectacle.

Opéra Garnier Paris - Salle_de_spectacle

By Jean-David & Anne-Laure (http://www.flickr.com/photos/jedalani/2876613094/) via Wikimedia Commons


Salle de spectacle principale
La grande salle de spectacle constitue le cœur même du palais. En forme de fer à cheval, avec ses balcons, ses loges et ses stalles sur cinq niveaux avec sa galerie supérieure, l’endroit est conçu sur le modèle des théâtres dits « à l’italienne ». Garnier veut innover en concevant une salle proportionnellement plus petite que le volume gigantesque abritant les dispositifs scéniques. Ses caractéristiques dimensionnelles demeurent néanmoins impressionnantes : près de trente et un mètres de largeur, trente-deux mètres de profondeur sur vingt mètres de hauteur.
Elle peut contenir deux mille spectateurs avec un peu plus de mille neuf cents fauteuils.
Ce lieu prestigieux est habillé dans des tons dominants de rouges et d’ors.


Parterre et balcons
Les sièges de l’orchestre sont habillés de velours rouge.
Les baignoires, les loges ainsi que leurs sièges et banquettes sont habillés de velours et leurs cloisonnements, de damas et de tentures. L’ensemble des matières d’ameublement arbore un jeu subtil de nuances cramoisies.
La galerie supérieure, sans visibilité, est destinée à l’origine aux mélomanes, aux élèves du Conservatoire ou aux compositeurs qui peuvent, pour une somme modique, suivre musique et chants à l’oreille avec ou sans partition.


Les deux coupoles du plafond

La première coupole du plafond de la grande salle.

Opéra Garnier Paris - Plafond maquette du musée d'Orsay

Maquette musée d’Orsay by Inocybe / Piero d’Houin (Own work), via Wikimedia Commons

Cette coupole est l’œuvre du peintre Jules Eugène Lenepveu (Angers, 1819 – Paris, 1898), Grand Prix de Rome en 1847. Cette peinture est aujourd’hui dissimulée par une seconde, accrochée sous l’œuvre originelle. La maquette définitive, mise au point par le peintre avant exécution à l’échelle grandeur est au musée d’Orsay.

Le nouveau plafond qui recouvre celui d’origine a été conçu par Marc Chagall (Vitebsk, 1887 – Saint-Paul-de-Vence, 1985) à l’invitation de son ami André Malraux, ministre des Affaires culturelles d’alors. C’est une synthèse en cinq parties aux vives couleurs, des grands jalons et ouvrages représentatifs de l’histoire des arts de l’opéra et de la danse et de quelques compositeurs particulièrement marquants des arts lyriques et chorégraphiques du répertoire. L’exécution a été confiée à Roland Bierge.

Opéra Garnier Paris - Plafond Marc Chagall

Marc Chagall – Plafond actuel Opéra Garnier

Ce plafond a suscité une polémique même avant son installation le 24 septembre 1964
Les critiques reprochent l’incohérence esthétique de ce plafond aux couleurs criardes au milieu de moulures et dorures typiques de l’architecture néoclassique et considèrent qu’il témoigne du mépris du pouvoir de l’époque envers l’art du Second Empire.
Cependant, cette œuvre a redonné à l’Opéra Garnier la curiosité qu’il avait un peu perdu dans les années d’après-guerre. Malgré l’intérêt médiatique qu’elle a pu susciter, cette décision reste néanmoins controversée jusqu’à nos jours sur le plan artistique.


Le grand lustre

Opéra Garnier Paris - Grand lustre par Charles Garnier

Grand lustre par Charles Garnier (1825–1898), gravure de 1875

La hauteur du lustre (8 m) est celle d’une petite maison. En bronze doré et en cristal, il porte sur cinq couronnes 340 becs de gaz, devenus des ampoules électriques à partir de 1881. Le dessin est de Charles Garnier lui-même et la fonte a été réalisée dans les ateliers de Lacarrière et Delatour. Il a été restauré en 1989. Il pèse entre 7 et 8 tonnes.

Le grand lustre a failli ne jamais voir le jour. Pendant la longue période nécessaire à son élaboration, plusieurs critiques affirment que le lustre est sans intérêt, qu’il risque de gâcher l’acoustique et d’empêcher la vision depuis de trop nombreux sièges et de loges. Le maître d’œuvre doit faire preuve de tout son pouvoir de persuasion et emporte finalement l’adhésion.

L’entretien du lustre s’effectuait par un espace spécialement prévu, au-dessus de la coupole de Lenepveu. Aujourd’hui, le lustre est descendu à hauteur d’homme.

Un accident a lieu le 20 mai 1896.  La rupture d’un contrepoids entraîna la chute du lustre sur le public alors que se donnait une représentation du Faust de Gounod. Il y eut de nombreux blessés et une femme (une concierge passionnée d’opéra) trouva la mort.

Ce triste événement exceptionnel inspira Gaston Leroux pour un épisode du Fantôme de l’Opéra, publié en 1910. On le retrouve aussi dans le Ballet du même nom de Marcel Landowski créé avec une chorégraphie de Roland Petit.

Note
Aux débuts du nouvel Opéra Garnier, la lumière était maintenue pendant le spectacle : le théâtre était principalement un lieu où être vu(e). Ce n’est qu’au début du XXe siècle que l’obscurité est imposée à la grande satisfaction des véritables amateurs des opéras et chorégraphies proposés.


Scène et les coulisses
La fosse d’orchestre précède l’avant-scène. C’est au premier plan de cette avancée que se trouvaient autrefois une rampe d’éclairage, le célèbre trou du souffleur et celui du technicien responsable des changements de lumières qui manipulait, alors, le premier système de jeu d’orgue existant au Palais Garnier.

L’ouverture de la scène est telle qu’elle autorisait autrefois l’arrivée de chevaux au galop dans la largeur de ses seize mètres.

Le rideau de scène, au drapé rouge et or et peint en trompe-l’œil, est surmonté d’un imposant lambrequin présentant, en son centre, un cartouche. Une devise y figure, choisie par Garnier lui-même, et la mention « ANNO 1669 » rappelle l’époque de la création de l’Académie royale de musique.

Le feu constitue la crainte première des administrateurs de théâtres en matière de sinistre. D’où la présence obligatoire d’un pompier de service lors des répétitions comme des représentations, d’un système d’arrosage manuel – devenu depuis automatique – de la scène ou « grand secours » et une évacuation haute d’air permettant un désenfumage rapide. De plus un dispositif d’isolation de la scène et de la salle en cas de départ d’incendie au delà de la scène.


Le plateau
Le plateau de scène de 1 350 m2 carrés, construit en planches de chêne, peut accueillir jusqu’à quatre cent cinquante artistes, chanteurs, danseurs et figurants. Son inclinaison traditionnelle de 5 % vers la salle permet, dans les grandes occasions, de le prolonger vers l’arrière par l’ouverture du foyer de la Danse situé en fond et en son exact prolongement. Cette disposition donne la possibilité, lors des parades du corps de ballet, soirées de bals et autres événements marquants, d’obtenir une profondeur totale de près de cinquante mètres depuis la fosse.


Les dessous et les cintres
Du plus profond jusqu’au sommet de l’ouverture de la scène, l’ensemble atteint une hauteur record de soixante mètres.

Ses murs supportent, en complément du plateau, des équipements complexes devant assurer les déplacements d’artistes et de techniciens et les changements de décors et de lumières. Dans les dessous sont encore conservés, comme précieux témoins des premières décennies de fonctionnement de l’Opéra, d’anciens cabestans qui étaient maniés à la force des bras.

Aujourd’hui, tous ces équipements techniques sont automatisés et asservis pour être manœuvrés par informatique depuis les coulisses et les régies.


Les cloches
Il y a plusieurs jeux de cloches utilisées lors des représentations. Pour voir quelques photos aller sur le site http://www.forum-dansomanie.net/forum/viewtopic.php?t=2144


Le grand-orgue
Le grand-orgue construit par le célèbre facteur Aristide Cavaillé-Coll est hors service depuis des décennies. Une restauration est semble-t-il envisagée…
Un orgue à l’Opéra est utilisé dans certains ouvrages lyriques, à commencer par le plus célèbre d’entre eux, Faust, de Charles Gounod mais aussi La Juive de Jacques-Fromental Halévy, Werther de Jules Massenet et bien d’autres.


Foyer de la Danse

Opéra Garnier Paris - Tableau d'Edgar Degas

Tableau d’Edgar Degas [Public domain], via Wikimedia Commons

Ce foyer, utilisé pour les répétitions du corps de ballet, comporte un sol incliné à l’identique de celui de la scène, mais dont la pente est inversée. Cette subtilité accentue les effets de perspective lorsque son espace est utilisé comme prolongement du plateau principal et, en particulier, pour les arrivées depuis le lointain.

Le Foyer était ouvert aux riches abonnés pour leur permettre d’être directement au contact des danseuses et de pouvoir y faire des « rencontres ». Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, les ballerines mal rémunérées pour leurs prestations et souvent d’un milieu modeste, acceptaient pour certaines d’être placées sous la « protection » d’un représentant de la grande bourgeoisie voire de l’aristocratie.

L’expression « s’offrir une danseuse », encore usitée de nos jours, vient de cette pratique peu connue et peu glorieuse des salles d’opéra les plus prestigieuses.
Cet usage s’éteint au début des années 1930. Les abonnés sont, dès lors, interdits d’entrée à l’intérieur du foyer et dans les coulisses.


Bureaux de l’administration
Cette partie de l’édifice est traitée avec une rigueur, voire une sobriété, contrastant avec les autres bâtiments de l’Opéra. Son concepteur rejette l’administration, jugée comme fonction moins « noble », en fond de parcelle et à proximité du boulevard qui portera bientôt le nom de son commanditaire, le Préfet Haussmann.


Toitures et couronnements

Opéra Garnier Paris - Toit Opéra Garnier

By Jean-Christophe Windland (Own work) ), via Wikimedia Commons

Les dômes sont couverts de cuivre, qui, une fois oxydé, prend une couleur verdâtre. Le reste du bâtiment est aujourd’hui couvert de zinc, comme la majorité des toits de Paris. Apparaissent également des statues pour agrémenter l’ensemble.


Ateliers de fabrication de décors et costumes
Ils ne sont pas dans l’Opéra mais boulevard Berthier, dans le XVIIe arrondissement de Paris (« Ateliers Berthier »).
Le lieu sert, en partie, à la représentation de spectacles du théâtre de l’Odéon.


Décors des spectacles en cours
A la construction de l’Opéra et au cinquième sous-sol, tout un système pour manœuvrer les décors des spectacles a été entièrement construit sur le modèle utilisé dans la marine. Des cabestans (Tambours en bois de 3,50 m de long sur 2 m de diamètre) permettent de lever une très grande quantité de décors et effectuer de nombreux mouvements sur scène (apparitions, trappe, déplacement des différents niveaux…). Une multitude de cordages, passant par des poulies de renvoi et des éléments de décor permettent de manipuler différents éléments sur un seul et même cabestan ou d’utiliser deux ou trois tambours pour un seul décor. Ces mécanismes étaient utilisés depuis l’époque de Louis XIV, les marins venant eux-mêmes les installer et en expliquer le fonctionnement dans les théâtres.

Après la Première Guerre mondiale, le système, jusque-là activé manuellement, se met à l’électricité. Ce ne sera qu’une période transitoire. Aujourd’hui, depuis une quinzaine d’années, ces grosses bobines sont abandonnées pour laisser place à la robotique. Désormais, tout est informatisé et dirigé depuis les coulisses par des ordinateurs. Il ne reste actuellement qu’une cinquantaine de bobines du troisième au cinquième sous-sol de l’Opéra.

 


Opéra Garnier Paris : modernisations et restaurations successives

L’éclairage électrique apparaît dans la grande salle dès 1881. Au début des années 1950, l’arrière de la scène est adaptée pour permettre de nouveaux ascenseurs et monte-charges pour faciliter les déplacements des employés, des artistes et la manutention des décors depuis la cour Nord.

En 1964, le ministre de la Culture Malraux fit recouvrir par le peintre Chagall le plafond de la salle de spectacle qui peut accueillir 2130 spectateurs. Cette grande salle rouge et or est située exactement au milieu de l’opéra tandis que l’arrière du bâtiment est occupé par les loges et les machineries de décor très modernes pour l’époque.

En 1990, une grande campagne de restauration du Palais Garnier a commencé sur la scène, la salle et la façade principale ainsi que la restauration du grand foyer et de ses salons attenants qui se poursuivent suivant un phasage pluriannuel, ce qui permet une remise aux normes des réseaux électriques de l’édifice.

En 2000, le ravalement suivi d’une restauration approfondie et scientifique de la façade permet au public de découvrir son décor dans sa polychromie originelle, ses dorures et la variété des matériaux qui la composent, ces derniers venus pour certains de contrées lointaines. Les initiales dorées de Napoléon et Eugénie sont rétablies sur les médaillons surmontant la façade, elles avaient été enlevées après la chute du Second Empire.

En mai 2004, les prestigieux décors imaginés par l’architecte pour le grand foyer et inaugurés pour la première fois le 5 janvier 1875 retrouvent leur éclat perdu (En 1928 un malheureux incendie avait détruit ses rideaux et tentures en or).

En 2007, il s’agit de la restauration des parvis de la façade Sud, en 2010 celle de la restauration de la façade ouest du palais.

Aujourd’hui, l’Opéra est destiné à accueillir aussi bien les représentations de ballets que les spectacles lyriques. L’Opéra peut aussi être utilisé pour des événements exceptionnels (Visite de chefs d’État, bal de Grandes Écoles, Réveillon du Nouvel-An, etc.)

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